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27 février 2010

« la libre expression ».


Sud ouest .fr

Samedi 27 Février 2010

OUTRAGE. Pour un mail jugé injurieux  par le préfet des Pyrénées-Atlantiques, un médecin du Pays rochefortais doit comparaître en justice

Un médecin de Tonnay-Charente convoqué devant le tribunal


 

Médecin généraliste à Tonnay-Charente, le docteur Eric Soares va comparaître en correctionnelle à Pau, le 10 juin prochain. Il est poursuivi pour avoir « outragé », par mail en l'occurrence, le préfet des Pyrénées-Atlantiques, Philippe Rey, le 30 juillet 2008.

À cette époque, le médecin du Pays rochefortais, comme bien d'autres personnes, avait été révolté par la situation d'une famille albanaise sans papiers, sous le coup d'un arrêté d'expulsion et dont les deux enfants, âgés de 7 et 5 ans, avaient été arrêtés à Pau et placés en centre de rétention administrative à Hendaye.  Pus tard, la cour d'appel a prononcé l'annulation de cette mesure.

L'affaire, évoquée par les journaux, avait ensuite été abondamment relayée sur le net. C'est ainsi qu'Éric Soares en a pris connaissance et il a adressé un mail au préfet des Pyrénées-Atlantiques pour lui exprimer sa stupeur. À titre individuel et non en tant que membre d'un quelconque organisme militant.

« Je tombe des nues, écrivait-il, j'apprends que l'on autorise l'enfermement d'enfants, cela me rappelle une triste époque où l'on mettait les enfants dans des wagons pour les envoyer en Allemagne. » Et de conclure par « bonne journée ».

Question de principe

Fin mai 2009 (« Sud Ouest » du 4 juin), le médecin tonnacquois avait été convoqué au commissariat local. Jusqu'alors, il ignorait faire l'objet d'une plainte du préfet des Pyrénées-Atlantiques.

Interrogé à ce propos, le représentant de l'État en question, Philippe Rey, déclarait que toute injure à l'encontre de lui-même ou de ses collaborateurs - dans le cadre de leurs fonctions - se traduirait par une plainte. Et d'ajouter : « Il incombe ensuite au procureur de la République de poursuivre ou non. C'est une question de principe. Il y a des lois qui nous protègent. Dans cette affaire, la ligne rouge a été franchie. La comparaison avec la période de Vichy fait et fera systématiquement l'objet une action en justice. »

Libre expression

Question de principe également pour Eric Soares qui, en juin dernier, estimait que son mail n'avait rien « de grossier, ni même d'insultant. Ce n'est pas comme si j'étais allé jeter des tomates sur sa porte. Quant à l'allusion à une période de notre histoire, c'est une réalité dont j'ai toujours entendu parler ».

Aujourd'hui encore, il plaide pour « la libre expression ».

Ce médecin ne pensait pas devoir en répondre devant un tribunal mais il a bel et bien l'intention de se rendre à la convocation.  Et il a pris un avocat : Me André Bonnin.

Par RESF (Réseau éducation sans frontière), il a appris qu'à cette même audience fixée au 10 juin 2010, pour les mêmes raisons, cinq autres personnes étaient convoquées, dont un professeur d'histoire et géographie en retraite qui avait déjà très mal vécu son interrogatoire au commissariat de police.

Auteur : Marie-Claude Aristég

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