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17 février 2010

Garde à vue : temoignage

Gardes à vue: l'ahurissant témoignage d'Hélène (RESF)

16 Février 2010 Par Velveth

Voici le témoignage hallucinant d'Hélène du RESF  de Paris nord-ouest  qui n'a de crimes à son actif que de gérer la liste des  « alertes rafles de sans-papiers ».

Date : 15 février 2010 23:38
Objet : Hélène; garde à vue
.

A 6H10, quatre hommes et une femme ont frappé à ma porte, ont dit que c'était la police. J'ai ouvert. Ils portaient des gilets pare-balles.  Je ne me souviens plus si ils m'ont montré un papier dès leur arrivée. Je sais que j'en ai signé un après mais ne  me rappelle plus quoi. Ils m'ont  parlé des "mes engagements politiques de gauche".  Tout  ce  moment reste très flou, j'étais surprise et je me demandais ce qu'il se passait. Au bout d'un moment ils m'ont dit chercher des bombes de peinture et m'ont parlé de destruction de DAB (distributeur automatique de billets). ils ont cherché de la « littérature subversive ». ils ont pris en photos des livres (le dernier de RESF, de la désobéissance civile...). ils ont fouillé partout. .

Ils ont voulu voir les photos de mon appareil photos, m'ont demandé si j'avais des photos de manif. Ils ont photographié des notes sur l'occupation des sans-papiers grévistes. Ils ont emmené deux ou trois papiers qu'ils m'ont rendu. Ils ont embarqué mon CV. Ils ont voulu prendre mon ordi mais je leur ai expliqué que je n'avais plus Internet depuis deux ans. Ils l'ont fouillé quand même sans l'emporter. Ils m'ont demandé mon portable et mon chargeur, qu'ils ont emporté. Je ne les ai pas récupéré. Ils m'ont dit que je pourrais le récupérer demain. Dans l'appartement ils m'ont parlé du centre de rétention de vincennes. Ensuite nous sommes descendus dans ma cave. Ils y ont jeté un rapide coup d'œil. J'ai été emmené ensuite au 36 quai des orfèvre. J'y suis arrivée vers 8h. Là j'ai eu le droit aux photos anthropométrique, prises d'empreintes et ils m'ont fait me déshabiller, m'accroupir et tousser. J'ai des marques reconnaissables sur le corps qu'ils ont prises en photos. Je leur ai expliqué que c'était une maladie génétique. Ils ont fait des commentaires se demandant si ce n'était pas contagieux....

Ensuite, vers 11 h,  j'ai été interrogée pour ce qu'ils appellent l'interrogatoire d'identité (je suis plus trop sur du terme) par un commandant de police. Ils sont remontés de ma scolarité primaire à mon diplôme professionnel, m'ont interrogé sur mes voyages et ensuite sur mes opinions politiques. Ils m'ont questionné sur mes activités militantes.  Je suis remontée en cellule. J'ai été ensuite changée de cellule car j'étouffais dans celle où j'étais (en gros 4 mètres carrés, pas d'aération pas d'ouverture). J'ai demandé à voir un médecin que j'ai vu une heure après environ. Il m'a été demandé de faire un test ADN. Avant, j'avais dit que j'avais le droit de refuser. Il m'a été répondu que je pouvais être jugé pour ça et que de le faire était le meilleur moyen de prouver mon innocence.  Je l'ai donc fait. Vers 16h30 j'ai été vue à nouveau "pour les besoins de l'enquête". Mon téléphone portable a été évoqué à nouveau. Il m'a été dit qu'effectivement c'était pour cela que j'étais là. On m'a demandé si j'avais participé à des actes de violences, de destruction de DAB, investi la préfecture ou la CAF, m'ont interrogé sur mes connexions Internet, les sites que je visite, mes moyens d'informations et si je connaissais des gens qui avaient commis des actes de violence ( ai répondu pas à ma connaissance) ou entendu parler d'actes de violence. Ils ont beaucoup insisté pour savoir ce que savais des banques qui dénoncent les sans- papiers, ce que j'en pensais et ce que je pensais des actes violents. La fin de ma garde à vue a été prononcé à 19h35.

Je suis sortie après 13h20 de garde à vue.
Hélène

NB Il faut prévenir celles et ceux investis dans les luttes de sans-papiers des risques réels de garde à vue ces jours-ci,  et leur conseiller bien évidemment de ne pas du tout collaborer avec les enquêteurs, ne faire aucune déclaration (ce n'est pas un délit) et de ne pas conserver inutilement des vieilles bombes de peinture  des photos etc...

Pour l'ADN, hélas, les flics ont maintenant le droit de faire des prélèvements et tout refus est  passible de procès avec une forte amende à la clef. On peut néanmoins refuser (le risque est une amende de 500 euros et des tracasseries ultérieures).

SE REFERER A LA FICHE DE LA LIGUE DES DROITS DE L'HOMME:

http://www.ldh-france.org/IMG/pdf/La_garde_a_vue.pdf

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